Au sein du Palais des Nations, du 31 octobre au 1er novembre 2019, l’OCO a réuni une dizaine de conférencier venus de Chine, du Brésil, du Canada, des Etats-Unis, de France, d’Italie et d’autres pays d’Europe, devant une audience très attentive et spécialisée composée d’avocats, d’étudiants de dernier cycle (Master) et de représentants d’ONGs basées à Genève.

L’OCO a été très honoré de pouvoir compter sur les autorités de la Ville de Genève, la présidente et la Vice-Présidente du Conseil Municipal de la Ville de Genève pour ouvrir les débats et faire part de leur vif intérêt concernant ces problématiques. De plus, cette présence officielle a permis de réaffirmer l’attachement des autorités genevoises envers les instances internationales qui y résident.

Durant la conférence, l’OCO a délivré son premier prix intitulé le « Prix Fausto Cattaneo » au Juge Fédéral à Rio de Janeiro (Brésil) le Dr. Marcelo da Costa Bretas pour son action contre les réseaux criminels organisés et institutionnels, connus sous les noms de Odebrech et  Lava Jato. Le nom du prix a été choisi en hommage au Commissaire Fausto Cattaneo, qui aura été le premier agent infiltré Suisse auprès de multiples réseaux de narcotrafiquants, décédé début 2019 d’une longue maladie. Le prix a été remis en accord avec l’épouse et la fille de feu Fausto Cattaneo.

D’autre part, durant cette conférence, un projet d’académie anti-corruption en partenariat avec l’Université de Genève a vu le jour. Appelé GENACA (Geneva Anti Corruption Academy) s’est constitué autour d’un groupe d’experts internationaux rassemblés par l’OCO.

Enfin, certains intervenants ont pu profiter de leur passage à Genève pour effectuer plusieurs visites officielles dans le cadre de leurs obligations professionnelles, renforçant encore les ponts entre l’ONU, le multilatéralisme et les institutions suisses et genevoises.

De l’avis de tous les intervenant(e)s et des participant(e)s, le niveau très élevé de la conférence a permis de faire la lumière sur les sujets suivants:

1) L’hétérogénéité des menaces criminelles, leur prévalence dans différentes industries internationales et dans la gestion des affaires publiques ne cesse d’augmenter et de devenir de plus en plus symbiotique. Jorge Barbosa Pontes, Conseiller auprès du Ministre de la Justice Brésilienne Sergio Moro, a d’ailleurs axé sa présentation sur les différences et similitudes entre le crime organisé international et le crime institutionnalisé au niveau international. Les menaces pesant également sur l’Etat de droit au travers de la présentation du Prof. Nikos Passas de l’Université Northeastern (Boston, MA) a mis en lumière l’étendue et les conséquences multiples et dangereuses des pratiques « lawful but awful » réalisées systématiquement tant par les acteurs économiques légaux, les administrations publiques et les acteurs criminels.

2) La problématisation de ces éléments, ainsi que leur compréhension, a été également été abordée au travers des conséquences de ces relations symbiotiques entre groupes criminels organisés, entreprises et Etats, tant au travers des échanges et influences croisées constantes portant sur les échéances électorales (votations, élections), brillamment explicitée par la Prof. Tuesday Reitano de l’Alliance Globale contre le Crime Organisé Transnational, sur les objectifs du SDG par le Prof. Stefano Betti. Les problématiques sont très complexes mais s’enchaînent de manière très logique. Les intervenants ont proposé plusieurs pistes de structuration des problématiques, qui vont de la structuration des « supply chain » rapportés aux standards et objectifs sociaux, environnementaux et économiques du SDG jusqu’aux problématiques de structuration de l’expression démocratique, de la production du droit et à la gestion et définition du bien public et de l’appareil étatique dans toutes ses compositions (gouvernement, parlement, justice, armée et police). Le Prof. Christian Ponti de l’Université de Milan a par contre démontré les chemins restant à parcourir pour une application et une évaluation efficace des instruments internationaux contre la corruption et le crime organisé en mettant en lumière les défis de ces méthodologies dans un cadre multilatéral et supra-étatique (OCDE et ONU principalement).

3) Des résultats ont également pu être présentés, lesquels dépendent apparemment beaucoup d’une volonté politique mais qui, dépassant ce cliché sans avenir, permettent de structurer les problèmes, de les comprendre et de pouvoir fournir aux autorités et à la société civile une lecture claire des enjeux et des méthodes qui peuvent être employées. Le Prof. Yvon Dandurand a par exemple démontré comment les structures policières au Canada pouvaient se structurer ou se déstructurer dans leur approche vis-à-vis des organisations criminelles suivant la perception que la population en avait. Dans la même veine, le Prof. Xiumei Wang a démontré comment la Chine, utilisant tout l’arsenal des capacités techniques et légales (y compris en utilisant celles prévues dans la Convention des Nations Unies contre la Corruption (UNCAC) et dans la Convention des Nations Unies contre le Crime Organisé Transnational (UNTOC) avait réussi à faire saisir et rapatrier plusieurs milliards d’argent de la corruption et du crime et faire condamner les coupables, non seulement par des Tribunaux chinois mais également canadiens ou australiens.

Dans l’ensemble, la tâche reste immense. Toutefois, cette conférence qui, nous l’espérons tous, pourra se répéter au fil des ans, a permis de poser un état des lieux clair même si il reste partiel, des menaces criminelles et de leurs conséquences. Il s’agit donc d’arriver à une compréhension technique de ces phénomènes et partager des expériences positives et négatives qui existent dans les différents domaines d’application de ce vaste problème qu’est le crime organisé transnational.

Agenda de la conférence: à télécharger ici